L'énergie de la reprise (Paru dans La Presse le 25 mars 2009)
La mobilisation pour assurer au plus vite la reprise de l'économie américaine est à la mesure de la crise économique qu'elle traverse. Les plans de relance se succèdent, les programmes se mettent en place, l'argent doit sortir. Il faut vite créer des emplois. Tous les élus, des gouverneurs aux sénateurs, jouent leur mandat sur la relance.
C'est à travers l'urgence de la reprise, indissociable de la création d'emplois et du retour de la consommation, qu'il faut examiner le plan énergétique du Président Obama.
Propre et surtout locale
Trois objectifs sont annoncés: stimuler la production d'énergie renouvelable, diminuer la dépendance au pétrole importé et réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Toutes les décisions de dépenses seront prises en fonction des seuls intérêts des États-Unis. Parce que le Canada est concerné, nous devons être prêts.
Les énergies propres sont l'éolien, le solaire et la géothermie. L'hydroélectricité ne fera pas partie des énergies renouvelables. D'abord, parce que le programme américain est national. Il accorde des subventions aux utilisateurs, pour encourager le développement des technologies, créer des emplois, et stimuler la production locale dans le but de rendre concurrentielles les énergies nouvelles. Ensuite, parce que le potentiel hydro-électrique du Nord-est est négligeable, il n'y a pas de raison de subventionner de l'électricité importée. Rien à voir avec le caractère renouvelable ou propre de l'électricité québécoise.
Le soutien du programme fédéral doit contribuer à développer une industrie américaine des énergies propres, aujourd'hui dominée par des entreprises européennes et asiatiques. Les fabricants locaux auront la préférence. Si j'étais producteur d'éoliennes ou de panneaux solaires, j'irais aujourd'hui ouvrir un atelier en banlieue de Boston.
L'Amérique d'abord
La même logique s'applique aux objectifs de diversification des sources et d'économie d'énergie. Les programmes donneront priorité à la relance des emplois par le soutien à la construction d'édifices écologiques et à l'industrie automobile pour la production et la vente de véhicules hybrides rechargeables.
La vie du charbon sera prolongée en promettant, c'est chronique, de diminuer les émissions de carbone. L'industrie l'a compris, l'important c'est d'essayer. Une autre mauvaise nouvelle pour nos exportations d'électricité.
La récession – et le rejet politique du Tournant vert Libéral – militent pour l'abandon d'une taxe sur le carbone. Le Président préfèrera la création d'un marché des émissions de CO2 . L'appui du Congrès sur une norme nationale d'émissions, comme s'y résignent les entreprises, est loin d'être acquis. L'Alberta n'a pas de raison immédiate de s'inquiéter.
Les tarifs sur l'éthanol brésilien – de l'ordre de 53 cents par gallon – ne diminueront pas, a reconnu le Président Obama. Le programme décrié de production de l'éthanol à base de maïs sera maintenu. L'aide aux agriculteurs et l'autosuffisance énergétique sont plus urgents que les problèmes environnementaux.
Les échéances électorales, donc les emplois, dicteront les choix. Tous les Américains veulent voir leur argent au travail. Encore et toujours: America First!