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2 posts from octobre 2011

13/10/2011

Aucun effort à faire

L'article suivant est une adaptation en français de celui qui a été posté le 10 octobre.
On trouve l'original sur la Place publique de Cyberpresse.
Aucun effort à faire
Le gouvernement Harper cherche-t-il à rebâtir des ponts vers le Québec? Pas vraiment.

Après l'entente sur l'harmonisation des taxes, le gouvernement fédéral a donné le feu vert au remplacement du pont Champlain, idéalement avant qu'il ne s'effondre. Enfin, le Québec reçoit de bonnes nouvelles d'Ottawa, et les milliards qui viennent avec.

Est-ce à dire que le gouvernement Harper cherche à rebâtir les ponts vers le Québec qu'il a lui-même brûlés? Pas vraiment.

Dans le cas de l'harmonisation, le paiement était attendu depuis presque aussi longtemps que la coupe Stanley. Pour le pont, le gouvernement fédéral en est propriétaire et il n'avait pas le choix.

De surcroît, le pont sera confié à un PPP et le gouvernement conservateur a bien pris soin de souligner que les automobilistes montréalais rembourseront chaque sou de la facture de ce cadeau, qui ne coûtera rien aux contribuables de l'Alberta ou de la Beauce.

Malgré tout, ces annonces ont été bienvenues. Mais pourquoi avoir attendu tout ce temps? On ne sait rien de vraiment nouveau sur ces dossiers depuis avril, alors pourquoi les conservateurs n'ont-ils pas saisi l'occasion de faire ces largesses juste avant l'élection fédérale?

Il semble clair que Stephen Harper et ses stratèges jugeaient que des « concessions » au Québec en pleine campagne leur auraient coûté plus de votes ailleurs au Canada qu'ils n'en auraient recueilli au Québec. Il est aussi révélateur que le gouvernement Harper ait choisi de poser ces gestes en catimini, alors que l'attention de millions de Canadiens était mobilisée par des élections provinciales.

Depuis le 2 mai, les preuves de l'indifférence du gouvernement conservateur majoritaire pour les préférences de l'opinion québécoise ne font que s'accumuler.

Par exemple, l'approche conservatrice en matière de droit pénal ou de contrôle des armes à feu fait fi du consensus québécois. Ottawa aide à financer les exportations d'électricité de Terre-Neuve. L'expansion de la Chambre des Communes y réduira le poids du Québec. Et, évidemment, il y a la croisade pour raviver la monarchie et renforcer les symboles nationaux canadiens.

Alors que le gouvernement Harper s'affaire à remodeler le pays à son image, le caractère distinct du Québec est relégué aux oubliettes.

En fait, M. Harper sait que même s'il ne fait rien pour accommoder le Québec dans son ensemble, son parti ne peut que faire des gains dans la vingtaine de comtés du sud-est du Québec où ses politiques de droite et l'attrait du pouvoir touchent de vielles cordes sensibles bleues, et où l'appui au NPD de Jack Layton n'était manifestement qu'un accident de parcours.

Pour faire des gains, les conservateurs n'auront aucun effort à faire pour répondre aux demandes particulières du Québec. Une phrase ou deux en français au début de chaque discours du premier ministre, et le tour sera joué.

Le poids du Québec au sein des partis d'opposition fédéraux n'est pas plus reluisant.

Au NPD, à moins d'une récolte de nouveaux membres québécois encore plus miraculeuse que l'élection de ses 59 députés, il y a peu de chance que le Québec fasse le poids dans la course à la direction, d'où la longue hésitation de Thomas Mulcair à se porter candidat pour diriger un parti depuis si longtemps sourd aux voix discordantes de la gauche québécoise.

Chez les libéraux, le Québec ne semble pas peser beaucoup plus lourd et, de toute façon, l'idée que le parti pourrait se faire le porte-étendard de quelque intérêt distinct de la province demeure un défi à l'imagination.

L'ironie, c'est que du temps de Trudeau, le pouvoir du Québec à Ottawa était censé être le meilleur rempart contre le «séparatisme». Aujourd'hui, alors même que le mouvement souverainiste semble destiné à s'autodétruire, ce pouvoir est plus faible que jamais.

10/10/2011

Harper construit-il des ponts vers le Québec?

Dans cet article publié dans l'édition du 11 octobre 2011 du Toronto Star, je soutiens que les dernières annonces de "largesses" du gouvernement Harper envers le Québec, soit la conclusion d'une entente sur l'harmonisation de la TVQ et de la TPS et l'annonce de l'engagement fédéral de reconstruire le pont Champlain ne signifient pas une ouverture des Conservateurs envers le Québec, bien au contraire. En fait, alors que le poids du Québec à Ottawa s'amenuise comme peau de chagrin, le gouvernement Harper peut ignorer les demandes et l'intérêt du Québec en toute quiétude.

Cliquez ici pour accéder à la source.

Harper’s bridge-building in Quebec

Last Wednesday, the federal government announced it would replace Montreal’s Champlain bridge — the country’s busiest — at a projected cost of about $5 billion, hopefully before the current bridge crumbles into the St. Lawrence River. Just a few days before, Stephen Harper himself announced a long-awaited deal to transfer $2.2 billion to Quebec in compensation for tax harmonization.

Is this the start of a new charm offensive toward La Belle Province?

Hardly. Even if Harper’s Conservatives are getting into the business of bridge repair in Quebec, it would be quite a stretch to conclude they intend to rebuild political bridges with the province that snubbed them on May 2.

In the case of the HST compensation, the payment was vastly overdue, as Quebec harmonized its sales tax with the GST 17 years ago.

As for the bridge, it is the property of the federal government and its advanced state of disrepair has been well documented. The government intends to cede the bridge’s construction and operation to a public-private partnership, which it claims won’t cost Canadian taxpayers a penny.

These decisions were welcome, but why wait so long? Why did the Conservatives not seize the opportunity to finalize them officially before the federal election, when we already knew what we know now about these two issues?

Harper’s decision to delay the announcements suggests that he judged he had more to lose elsewhere in Canada by appearing to make “concessions” to Quebec in the middle of a campaign than he could gain in the province.

It is also revealing that the Harper government chose to make these announcements when several other provinces, notably Ontario, were in the midst of election campaigns, which insured that virtually no one would be paying attention.

Indeed, evidence that Harper’s new majority government cares precious little about the preferences of the mainstream Quebec electorate is steadily piling up.

For example, the Tories’ get-tough approach to crime goes squarely against the prevalent consensus in Quebec. Ottawa will help Newfoundland build power lines to compete directly with Quebec’s electricity exports. The planned expansion of the House of Commons will further reduce Quebec’s relative weight. And, of course, the Conservatives are embarked in a crusade to affirm Canada’s link to the British monarchy, which most Quebecers view with a mix of derision and disbelief.

As Harper’s Conservative government sets out to reshape the country in its image, Quebec’s distinctiveness is destined to become increasingly irrelevant.

Even if they don’t court Quebec, the Conservatives can probably count on gains in up to two dozen traditionally “small-c conservative” old-blue Quebec ridings, where their low-tax, small-business-friendly policies strike a sensitive chord, and where the NDP is unlikely to remain a force in the post-Layton era.

To make these gains, the Tories probably won’t have to make any effort to appeal to the province’s traditional demands or to any version of its “distinct” collective interest. A sentence or two in French at the beginning of every speech by the Prime Minister should do the trick.

Quebec’s relative power inside the two major opposition parties is also unlikely to amount to much in the near future.

In the NDP, the party bigwigs’ decision to maintain the existing rule of “one member one vote” instead of favouring regional balance will clearly disadvantage Quebec, which accounts for only 2 per cent of NDP members.

Thomas Mulcair has hesitated to jump into the leadership race because he knows all too well how difficult it will be for him to build from his Quebec base in a party that ignored the province for so long in the past.

On the Liberal side, no serious Quebec candidate seems to be among the potential front-runners and the Liberal organization in Quebec shows few signs of recovering from the scandals that brought it down nearly a decade ago.

Ironically, in the old days of Pierre Trudeau, Quebec power in Ottawa was hailed as the best rampart against separatism. But now that the sovereignty movement is teetering on the verge of collapse, this power is weaker than ever.

Pierre Martin is a professor of political science at the Université de Montréal.